Jean Loup Trassard, le Mayennais
Les histoires qu'il raconte dans ses livres, ce sont celles de ses voisins, le taupier, le bouilleur de cru, l'agriculteur qui rentre ses bêtes... « Le rituel ancien du labour, habité de chevaux percherons, réveille encore le narrateur qui, comme tous les personnages de ce livre, a le ventre contre la terre pour embrasser les éléments et sentir mieux leurs résonances, lesquelles vibrent d'un récit à l'autre. »
« Ce prosateur magnifique est l'un de nos plus grands stylistes, dit de lui Pierre Guicheney, cinéaste, voisin et admirateur. Pas rural. Non. Mais il possède une vision d'esthète sur la campagne dans un rayon de 500 m autour de chez lui. »
Écrivain ou photographe ?
Mayennais de territoire et de coeur, Jean-Loup Trassard est écrivain et photographe de la mémoire. La sienne, mémoire d'un enfant solitaire devenu créateur fécond, auteur d'une quarantaine d'ouvrages publiés aux éditions du Temps qu'il fait ou chez Gallimard, et celle d'une agriculture à dimension humaine presque oubliée et d'un paysage en voie de disparition, le bocage traditionnel mayennais.
Cet homme grand et sec partage son temps entre Paris et sa campagne, où il élève des boeufs. « Son immense créativité s'appuie sur des choses très simples, analyse Pierre Guicheney. Avec lui, j'ai appris à affiner, affûter mon regard. »
Écrivain ? Photographe ? Trassard répond sans hésiter : « Écrivain d'abord. La photo, c'est pour m'amuser. C'est la salade autour du rôti. » Avant d'ajouter : « Mes livres, j'aimerais bien qu'on les lise. Même si c'est plus facile de regarder une exposition. » « Il est un peu hérisson, c'est vrai, constate Pierre Guicheney. Il doute. Comme tous les artistes, il a besoin de reconnaissance. »
Grâce à Pierre Guicheney, 2010 a été décrétée année Trassard avec des expositions, la présentation du dernier livre de l'auteur, Eschyle en Mayenne, la projection du film de Pierre Guicheney, Jean-Loup Trassard, comme un ruisseau mayennais. 2010, ce sera aussi l'année des 77 ans de l'écrivain, qui a exposé ses photographies à Beaubourg. « C'est un artiste universel. Un homme sensuel, confirme Pierre Guicheney. Dans son écriture et dans ses photos. »
"Quelques exemples de patois Mayennais tirés des contributions régulières que j’ai donné à L’Hirondelle, petite publication éditée par le conseil municipal de Saint-Hilaire du Maine. C’est un jeu. Mais je lui vois une fonction : réhabiliter le patois dans l’estime de ceux qui l’ont abandonné, chasser l’humiliation des parleurs de patois devant l’Histoire. Car il n’y a pas de langues mauvaises, toutes servent à communiquer et toutes ont une histoire."
JLT
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Abeuvrer : abreuver.
La forme employée est quelquefois abeurver, le «r» - consonne qui bouge facilement – pouvant être mis avant le «v». On pourrait croire que c‘est là une déformation du français moderne abreuver, il n’en est rien : l’Ancien Français a connu au XIIe siècle un verbe abevrer avec ce même sens d’abreuver.
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Achée : lombric (ver de terre rose).
Il est possible que ce mot nous vienne de la pêche. Nous trouvons en effet dans l’Ancien Français esche, asche, aische, nom féminin des XIIe-XVIe siècles signifiant appât, amorce. Chez nous aussi c’est un féminin. Notons que notre prononciation nécessite un accent circonflexe, or celui-ci est souvent signe d’un «s» qui a été supprimé (comme dans chastaine, châtaigne ou castel, château). et aussi...
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